samedi 28 novembre 2015

Le Marché aux poissons de Shanghai


Il est des lieux à Shanghai qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte ....et je peux dire que le marché aux poissons en fait partie ! Situé un peu au nord du centre ville , au dessus de  Jing'an , il est propice à une incroyable flânerie , tout en nous reconnectant au monde du commerce , très organisé et au fait que Shanghai est d'abord le plus grand port du monde ...
Il se situe de part et d'autre de  la Tongchuan Lu , et sur plusieurs hectares,  ce sont des dizaines de ruelles à travers un marché couvert , où apparaissent aquariums , bassines , pains de glaces, remplis de poissons et autres mollusques .
Car en Chine , on achète le poisson vivant , encore tout frétillant dans son aquarium . Et notre poissonnerie française , avec son étal traditionnel de poisson frais , est remplacée par une série d'aquariums où se retrouvent toutes sortes de poissons , d'anguilles , de crabes , de crevettes , d'écrevisses et de langoustes .







L 'odeur est forte , j'ai l'impression de revivre les premières lignes du roman du Parfum de Patrick Süskind .... L'activité est intense . Partout des hommes et des femmes  en bottes et en tablier ciré s'affairent : les uns à nettoyer le sol , ou à enrubanner les petits crabes vivants de rivière- les poilus -  dans quelques tiges de Rafia, les autres à casser de la glace et à en retirer parfois d'autres poissons . Poissons frais , poissons congelés , décongelés , recongelés , je ne sais plus trop .... Et au milieu , le droit de dormir , sur le bout du comptoir ,  ou sur un fauteuil  éventré , pour tous ces travailleurs du jour et de la nuit qui profitent d'un moment de calme pour se ressourcer ...

Et puis , un moment de fou rire , à la découverte d'un étrange mollusque qui m'était inconnu jusqu'alors , le Canope du Pacifique ! Il est vrai que ce gentil mollusque, à la forme phallique , a de quoi nous étonner . C'est un des plus gros bivalves du monde , qui vit enfoui dans le sable , et qui a une espérance de vie de 150 ans . Sa forme et le fait que ses femelles produisent une quantité très importante d'ovules dans leur vie , lui permettent une belle réputation aphrodisiaque !
Considéré comme un met raffiné , il est très populaire en Chine et au Japon , et se sert en fondue , sashimi , et salade .



Nous avons terminé cette visite par celle du temple bouddhiste juste à côté du marché , le temple Zhenru . Calme , sérénité , lieu rempli de camélias et de bonsaïs  , où plane une odeur  tenace d encens , avec un immense gingko biloba au milieu de la cour .
Que de contrastes  , comme toujours , en Chine ...





Leng Hong ou la beauté de la peinture contemporaine chinoise



Une  belle découverte culturelle ce mois- ci , celle du peintre chinois  Leng Hong . J ai rencontré cet homme très discret  lors de l'inauguration de son exposition à la Galerie Art CN de Shanghai .
Leng Hong nous présente dans ses toiles la rencontre poétique du monde occidental et oriental , deux mondes si différents, qu'il a appris à connaître , à aimer et  à accepter . Il sait faire dialoguer de manière élégante le passé et le présent pour finalement nous transporter au- delà .
 Issu d'une famille d'intellectuels chinois , formé aux Beaux- Arts  de Shanghai ,  et le plus jeune peintre à l 'époque  de l'Académie de peinture de la ville , il a 31 ans quand en 1986 il s'envole vers Bordeaux  , puis Montréal au Canada pour s 'ouvrir aux autres cultures . Ce qui est alors un choc pour lui , devient progressivement un enrichissement , qui mêlé à sa propre culture , devient l'essence même de ses tableaux ...
Il a eu  récemment une belle exposition de ses œuvres au Musée de Suzhou construit par l architecte Pei - celui de notre pyramide ...- mais il a également exposé au Château d'Issan en France .

Petits et grands formats de toiles  peints d' huile mêlée à de la poudre de marbre , mais aussi aquarelles et acryliques mêlées sur du papier de riz , son œuvre est raffinée , et très travaillée .

Le lieu " la galerie ArtCN" d'Anne Cécile vaut aussi le détour . Anne- Cécile a une sacrée histoire et n'a pas eu peur de venir dans les années 90 dans cette  Chine sur laquelle beaucoup de personnes ne voulaient  pas miser et qui n intéressait pas grand monde à vrai dire ...
Sa galerie est située dans une ancienne minoterie XIX ème de Shanghai , construite de briques rouges et grises , sur les bords  de la Suzhou Creek , un beau lieu doté d'une âme , comme on peut heureusement encore en trouver à Shanghai.









jeudi 22 octobre 2015

Le Yunnan du Nord, un territoire et ses habitants à découvrir absolument



A 4h environ  en avion et à l’ouest de Shanghai se trouve la province du Yunnan. La province du Yunnan dont le nom poétique  signifie  «  au sud des nuages »  a une superficie  correspondante à  environ trois quart de la France, et se situe dans le Sud-Ouest de la Chine, aux frontières de la Birmanie, du Laos et du Vietnam.

Nous évoquerons  aujourd’hui le Nord du Yunnan, et plus particulièrement les régions de Lijiang et de Shangri-la , situées entre 2500 et  3000m d’altitude, qui jouxtent le «  toit du Monde », le Tibet, et dont le relief protecteur assure un climat clément en hiver comme en été permettant une large gamme de cultures sur ces hauts plateaux . Nous nous y sommes rendus à l'occasion de la Golden Week , la semaine de congés Chinoise.
Les paysages y sont extraordinaires et des minorités ethniques s’y sont installées, en particulier les Naxi ,en conservant une bonne partie de leurs coutumes.

Partez d’abord  à la découverte de Lijiang et de sa région.
On peut flâner dans les rues de la vieille ville de Lijiang - tôt le matin pour éviter la foule -  , se perdre dans son labyrinthe de ruelles , découvrir les maisons traditionnelles Naxi avec leurs volets ajourés de bois , et passer aux dessus d’innombrables petits canaux  grâce à de petits ponts de pierre . L’étang  du Dragon noir, avec pour toile de fond la montagne du Dragon de Jade et ses monts enneigés est superbe, ainsi que le spectacle, lorsque l’on prend un peu de hauteur sur la ville, des toits jouant aux dominos les uns avec les autres. çà et là, sur les murs des maisons, sur les drapeaux, on peut observer l’écriture fascinante des Naxi, une sorte de calligraphie inspirée par la nature.
Certains villages Naxi, à proximité de Lijiang , peuvent faire l’objet d’une belle balade à vélo : Yuhu,le village de l’explorateur Joseph Rock, qui y vécut à partir de 1922,  Baisha et ses temples bouddhiques renfermant des fresques de l’époque Ming et Qing, mais aussi le monastère de Yufeng , un véritable havre de paix et de sérénité .









Mais il faut surtout prendre le temps de randonner  au-dessus des gorges du Saut du Tigre, dans ces fabuleuses montagnes, où le paysage semble encore vierge. Ces gorges sont celles du Yangzi  Jiang - ou fleuve bleu pour les Français - , qui prend sa source dans les hauteurs du Tibet , et s’étendent sur une distance d’environ 30km. Le paysage, dominé par des sommets de plus de 5000 m. est à couper le souffle, la randonnée peut l’être aussi !... Chaussures de randonnées indispensables !
On marche à flanc de montagne, en surplombant les gorges, on passe sous des cascades, on traverse des bois de chênes et de bambous, on peut observer une faune et une flore magnifique.

Le mieux est de prévoir un arrêt le soir  dans un «  refuge – hôtel  », au sommet des gorges du Tigre, afin d’une part de profiter du coucher et du  lever de soleil, d’autre part pour prendre le temps de redescendre .on  comptera en effet  9 à 10h de marche.











On pourra continuer cette belle escapade en se posant dans la région de  Shangri-la, à 2h environ de route.  Shangri- la, à presque 3000 m. d’altitude est la ville importante du Yunnan du Nord la plus proche du Tibet . Les nuits y sont fraiches, mais le jour, hors saison des pluies, les cieux sont superbes, d’un bleu pur, et l’on peut y apercevoir des nuages batifolant, prenant la forme de dragons …
Cette région faisait autrefois partie du Tibet, et cela se ressent encore énormément, dans l’architecture des maisons, les vêtements traditionnels portés par de nombreux villageois, le la cuisine  très tibétaine,  leurs coutumes  et croyances. Bien que située à 1900 km de Lhassa, la capitale du Tibet, Shangri-la compte en effet 45% de Tibétains dans sa population.
Ici encore, tout est propice à la randonnée à pied ou à vélo, et permet d’accéder aux collines et aux plateaux environnants, en compagnie des troupeaux de yaks et de chevaux, et au milieu des paysages forestiers et des steppes. Dépaysement assuré !
Les steppes  à l’automne sont couvertes d’une plante rouge, appelée là- bas, l’euphorbe rouge, et de nombreux champs de blé tibétain, proche de l’orge, couvrent les hauts plateaux.  













Un lieu historique et cultuel important est aussi à ne pas manquer à Shangri-la, c’est le monastère Songzanlin. Il permet d’avoir un aperçu de l’allure typique des grands temples tibétains plus proche de villages monastiques que de temples d’ailleurs, et traditionnellement  adossés à une colline. Celui-ci se reflète dans les eaux d’un petit lac, et on y accède par un long escalier qui dessert les collèges principaux. L’ensemble est coloré, vivant, et les petits drapeaux de prière de couleur, flottant au vent , vous laisseront certainement d’inoubliables images.









( article écrit pour le magazine du Cercle Francophone Français , " le Petit Shanghaien" parution Janvier 2016 )